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Romantisme et liberté

La vie de George Sand

Descendante d’une famille de haute noblesse par son père, fille du peuple par sa mère saltimbanque, Aurore Dupin nait en juillet 1804 à Paris. Elle est élevée par une grand-mère aristocrate. A la mort de celle-ci, l’enfant va chez sa mère, mais les deux femmes ne s’entendent guère et Aurore se marie bien vite pour vivre sa vie. Hélas ! Le baron Casimir Dudevant qu’elle épouse se révèle être un homme brutal ne répondant à aucune de ses aspirations romantiques et littéraires. Deux enfants naissent, mais le couple se sépare assez vite.

Une libération par l'écriture

Comment vivre librement quand on est une femme seule avec deux enfants ? Son imagination va la sauver. Depuis son plus jeune âge, Aurore a la passion de raconter des histoires, assommant son entourage d’inventions romanesques infinies. Après un premier livre coécrit avec son amoureux Jules Sandeau, elle fait éditer sous le nom de George Sand un roman qui connaît un succès fracassant : Indiana. Elle a 28 ans et c’est le début d’un succès littéraire qui ne se démentira jamais : elle publiera sans s’essouffler plus de cent livres, dont quatre-vingt romans.

Dans son attitude, George se démarque. Sans être provocatrice, elle est férocement indépendante et indifférente au qu’en dira-t-on. Elle fume comme un pompier, s’habille comme un homme pour entrer dans les cafés et monter à cheval. Elle devient un personnage de la vie littéraire parisienne et l’une des célébrités de son temps.

La République et la famille

Il était donc fatal qu’elle rencontrât le petit génie du moment : Alfred de Musset, poète inspiré mais à tendance autodestructrice. Il a vingt-deux ans, elle en a trente. C’est un amour fou qui se fracasse en quelques mois. Qu’importe ! George se relève toujours. Guidée par un sentiment très fort de l’idéal et une inépuisable capacité à aimer, elle aura de nombreux amants tout en élevant ses deux enfants, Maurice et Solange.

Depuis les journées de juillet 1830, elle a pris conscience de l’espérance républicaine en France. Profondément éprise de justice sociale, républicaine dans l’âme, elle milite activement dans les cercles socialistes, fonde des journaux, écrit des romans décrivant l’opposition des classes et le rêve de fraternité. En 1848, c’est la révolution. Mais la répression puis en 1851 le coup d’Etat de Napoléon III détruisent ses espoirs.

Très marquée par cet échec, elle restera cependant toujours fidèle à son rêve de fraternité universelle. Mais le plus important à ses yeux, c’est sa petite famille, bonheur de sa vie. Elle est heureuse dans sa campagne berrichonne. Sa production littéraire ne faiblit pas et lui permet jusqu’au bout de subvenir aux besoins de son entourage. Elle meurt à Nohant en 1876.

George Sand par sa petite fille Aurore

Enregistrement réalisé en 1961 : Aurore avait 95 ans et mourut la même année. Collection INA.

 

Serment

« Je relèverai la femme de son abjection, et dans ma personne et dans mes écrits, Dieu m’aidera. »

 

Lettre à Frédéric Girerd, 1837

George Sand et son temps

George Sand aime la littérature, mais elle aime encore plus la vie. De tempérament généreux, sensible à toutes les injustices, elle a toute sa vie cherché à exprimer et à explorer sur un plan littéraire les grandes questions sociales de son époque. Si elle n’est pas féministe au sens actuel du terme, elle s’élève contre les lois injustes qui maintiennent les femmes dans la dépendance des hommes, notamment à travers le mariage. L’impact dramatique de l’inégalité économique entre les différentes classes sociales traverse également toute son œuvre.

Au service du peuple

Indépendamment de ses œuvres littéraires, George Sand s’engage dans la lutte politique en fondant plusieurs revues, seule ou avec son mentor politique Pierre Leroux : La Revue indépendante, puis La Revue sociale, puis enfin La Cause du peuple. Toutes sont bâties sur un principe : faire advenir la république, donner une voix à ceux qui n’en ont pas.

Révolutionnaires

« Apprenons à être révolutionnaires obstinés et patients, jamais terroristes. »

 

Lettre à Alfred Gabrié, 21 octobre 1871

Sa place dans l'histoire de la littérature

George Sand est d’abord la fille littéraire de Jean-Jacques Rousseau. Elle tient de lui par l’amour de la nature, sa grande pénétration psychologique, le refus des inégalités, une imagination intarissable. Mais George Sand a innové. Avec d’autres, et notamment Balzac, elle initie au XIXe siècle le roman de mœurs, transposant sous une forme littéraire la société de son temps et les problèmes qui l’agitent.

Elle était l’un des auteurs les plus lus de son temps, et dans toute l’Europe. Mais aujourd’hui ? La force et l’originalité de sa personnalité si exceptionnelle ont fait un peu d’ombre à son œuvre.

En tant qu’écrivain, elle est restée dans notre mémoire collective surtout comme l’auteure d’histoires champêtres : La Petite Fadette, La Mare au diable, François le champi. Pourtant, son œuvre foisonnante contient des chefs d’œuvre autrement ambitieux et percutants, comme Indiana, Horace, Le Meunier d’Angibault, Consuelo… Il est temps de la redécouvrir !

Postérité

« Je ne suis pas montée aussi haut que toi dans mon ambition. Tu veux écrire pour tous les temps. Moi, je crois que dans cinquante ans je serai parfaitement oubliée et peut-être durement méconnue. C’est la loi des choses qui ne sont pas de premier ordre, et je ne me suis jamais crue de premier ordre. Mon idée était plutôt d’agir sur mes contemporains, ne fût-ce que sur quelques-uns, et de leur faire partager mon idéal de douceur et de poésie. »

 

Lettre à Gustave Flaubert

Le plaisir de lire George Sand

Flaubert a eu raison de comparer George Sand à un fleuve. De sa personne et de son écriture émanent une force tranquille, une abondance sereine. Sa personnalité profondément romantique, éprise d’idéal, ne la conduit pas à bouder la réalité, ou à mépriser son époque. Elle fait la part des déterminismes sociaux, des situations complexes dans lesquelles chacun se trouve, et son univers romanesque s’en trouve enrichi. Sa sensibilité ne s’émousse jamais. Elle a suffisamment vécu pour que sa foi en l’amour ne soit pas naïve, mais elle a suffisamment foi en l’amour pour ne jamais tomber dans le cynisme.

En plus de ces belles qualités, George Sand a le don fabuleux du conteur, et le talent de faire vivre toute une époque à travers son écriture. Elle est l’une des plus belles réussites du romantisme !

Rossignol

« Il fait chaud comme en juillet et les fleurs de mon jardin embaument. Les rossignols gueulent toute la nuit dans les bois. »

 

Lettre à Lina Sand, 27 avril 1866

Extraits

Romans

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