Lautréamont – La vérité suprême
La vérité suprême Il commençait à me sembler que l’univers, avec sa voûte étoilée de globes impassibles et agaçants, n’était peut-être pas ce que j’avais rêvé de plus grandiose. Un jour, donc, fatigué de talonner du pied le sentier abrupt du voyage terrestre, et de m’en aller, en chancelant comme un homme ivre, à […]
Lautréamont – vieil océan
« Je te salue, vieil océan ! » Vieil océan, aux vagues de cristal, tu ressembles proportionnellement à ces marques azurées que l’on voit sur le dos meurtri des mousses ; tu es un immense bleu, appliqué sur le corps de la terre : j’aime cette comparaison. Ainsi, à ton premier aspect, un souffle prolongé de […]
Lautréamont – Les chiens
Les chiens Au clair de la lune, près de la mer, dans les endroits isolés des campagnes, l’on voit, plongé dans d’amères réflexions, toutes les choses revêtir des formes jaunes, indécises, fantastiques. L’ombre des arbres, tantôt vite, tantôt lentement, court, vient, revient, par diverses formes, en s’aplatissant, en se collant contre la terre. Dans […]
Lautréamont – Rire sanglant
Rire sanglant J’ai vu, pendant toute ma vie, sans en excepter un seul, les hommes, aux épaules étroites, faire des actes stupides et nombreux, abrutir leurs semblables, et pervertir les âmes par tous les moyens. Ils appellent les motifs de leurs actions : la gloire. En voyant ces spectacles, j’ai voulu rire comme les […]
Lautréamont – Incipit
Incipit Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu’il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ; car, à moins qu’il n’apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d’esprit […]
Chateaubriand – Changement du monde
Changement du monde Chateaubriand n’est pas tendre avec Napoléon. Mais enfin, dans ses Mémoires, il s’est donné la tâche de raconter sa vie et son époque. Or, comment espérer que le lecteur trouve de l’intérêt à ce qui a suivi la fabuleuse épopée du premier empire, même si ce fut une période de liberté […]
Chateaubriand – La vieillesse
La vieillesse Le printemps ! C’est très joli, mais il arrive un âge où il ne marche plus pour nous. On reste en hiver. Chateaubriand ne fait pas semblant de trouver cet état digne et vénérable ; la vieillesse est pour lui un déchirement. Ce qui enchante dans l’âge des liaisons devient […]
Chateaubriand – Mimétisme littéraire
Mimétisme littéraire Paru en 1802, René a eu un peu le même effet que Werther en Allemagne ou bien plus tard les Beatles en Europe : l’incarnation d’une nouvelle sensibilité, l’adéquation parfaite (et même un peu hystérique) avec une nouvelle génération. Au risque, selon l’auteur du roman, de devenir rapidement un lieu commun. […]
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