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« Mignonne, allons voir si la rose… »

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avait déclose

Sa robe de pourpre au Soleil,

A point perdu cette vesprée

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vôtre pareil.

 

Las ! voyez comme en peu d’espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las ! las ! ses beautés laissé choir !

Ô vraiment marâtre Nature,

Puisqu’une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

 

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que votre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez votre jeunesse :

Comme à cette fleur la vieillesse

Fera ternir votre beauté.

 

 

Extrait des Amours, seconde édition, 1553