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La Renaissance

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1 octobre 2020

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Renaissance

1 octobre 2020

Moyen-Âge

1 octobre 2020

Faire et croire différemment

On borne généralement la Renaissance, en France, de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb (1492) à la mort d’Henri IV (1610).

Qu’est-ce qui change ? Comparons avec ce qui précède. On peut imaginer une société où ce qui est n’est pas remis en question par ce qui pourrait être. Cette société serait celle du Moyen-Âge. C’est une société qui repose sur un ensemble de croyances et d’usages très déterminés.

Or, à la charnière du XVᵉ siècle, un peu partout en Europe, des hommes commencent à se dire : on a toujours fait comme ça ; mais pourquoi ne pas faire différemment ?

Dans nos sociétés fondées sur l’innovation, on a du mal à l’imaginer, mais à cette époque, rompre avec la coutume, c’est souvent s’exclure de la communauté. Et voilà qui nous amène au drame de la Renaissance : les guerres de religion. Faire différemment, ou croire différemment, c’est défier l’ordre établi. Les critiques de Martin Luther donnent lieu à un nouveau courant religieux et à des conflits avec la religion catholique qui dureront jusqu’au XVIIIᵉ siècle.

Les horizons s'élargissent

Beaucoup plus audacieux que leurs prédécesseurs, les hommes et les femmes de la Renaissance cherchent à élargir leurs horizons géographiques et culturels. La découverte d’un nouveau monde habité a secoué les cervelles. C’est donc aussi une époque où la culture se trouve de nouvelles références, et notamment dans l’antiquité. Les auteurs grecs et latins sont redécouverts, traduits ou retraduits, discutés, commentés. Dans cette époque violente, il souffle un grand vent de liberté, et d’humanisme.

Catholique ou protestante, la Renaissance est chrétienne, de bout en bout. Mais elle l’est d’une manière beaucoup plus créative, en somme, que précédemment.

Les structures sociales et religieuses se transforment, et la manière d’apprendre et de connaître a changé. En Italie, Galilée jette les bases de la physique moderne. La théologie n’est plus tout à fait la reine des sciences et Aristote l’autorité définitive sur toute question philosophique. En bref, on ne se contente plus de la Bible et du philosophe grec pour interpréter le monde.

Il y a donc pendant cette période une soif d’apprendre et une ivresse du savoir, très visible chez Rabelais par exemple. Mais connaître, c’est aussi se connaître. Et dans un monde aussi bouleversé, comment appréhender la place de l’homme dans le monde, comment vivre ?

C’est la question que se pose Montaigne. Dans ce monde moderne qui commence, l’existence n’a pas de mode d’emploi…

La langue française à la Renaissance

Le XVI° siècle est décisif pour la constitution de la langue française. Deux faits majeurs :

 

  • D’abord, le français devient la langue officielle des actes juridiques (ordonnance de Villers-Coterêts). La langue s’impose aussi peu à peu dans la rédaction d’ouvrages techniques.

  • D’autre part, à l’image d’Erasme ou de Rabelais, le siècle est truffé de grands latinistes et hellénistes qui vont composer pour le français de nombreux mots à partir d’une origine grecque ou latine, enrichissant considérablement le vocabulaire (voir encadré).

Autrement dit, le latin classique jouit d’un grand prestige mais simultanément le français s’impose de plus en plus, comme en témoigne la Deffence, et illustration de la langue francoise, de Joachim du Bellay en 1549. Il faut défendre et illustrer la langue française, oui, mais laquelle ?

C’est ce qui déstabilise parfois le lecteur de notre temps devant les textes de la Renaissance : chaque auteur paraît avoir non seulement son style à lui, mais aussi sa langue propre, en l’assumant (comme Maurice Scève) ou en faisant mine de s’en excuser (Montaigne et ses gasconismes). En fait, les écrivains cherchent à définir une nouvelle norme non par des concessions, mais en outrant leur position, leur manière d’écrire.

Souvent les auteurs de la Renaissance s’emploient à créer des mots à partir d’une origine grecque ou latine en jugeant que les mots existant sont mal bâtis, à partir d’une fausse étymologie, etc. . Mais parfois le mot remplacé résiste et par conséquent nous avons aujourd’hui des doublons : on crée par exemple déambuler (lat. ambulare) pour remplacer se promener, qui résiste, libérer (lat. liberare) pour remplacer délivrer, qui résiste, ausculter (lat.auscultare) pour remplacer écouter, qui fera mieux que résister !

Écrivains majeurs du XVIe siècle