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L’argent, suite

Extrait.

§— Je vais plus loin et d’une manière générale j’avoue que je n’aime pas les catholiques qui pactisent avec la Sorbonne ; ou qui traitent avec la Sorbonne ; ou qui causent avec la Sorbonne ; ou qui flirtent avec la Sorbonne ; et même ceux qui se marient avec la Sorbonne. Il ne fait aucun doute que la Sorbonne, pour se donner les airs d’être libérale, cherchait depuis quelques années, comment dirai-je, des catholiques qu’elle pût officiellement respecter, et même des catholiques qu’elle pût officiellement protéger. (…)

 

§ — Que les catholiques le sachent bien, et notre jeune camarade doit s’en douter un peu, la querelle de la Sorbonne n’est pas une querelle gratuite, elle n’est pas une querelle insignifiante. Et elle n’est pas une querelle arbitraire, elle n’est pas une querelle ajoutée. C’est la querelle même des héros et des saints contre le monde moderne, contre ce qu’ils nomment sociologie, contre ce qu’ils nomment psychologie, contre ce qu’ils nomment science. Et une chaire en Sorbonne sera toujours pour celui qui déclare que les saints étaient bons à mettre à Charenton.

 

 

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Extrait de L’Argent, suite, de Charles Péguy, 1913.