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La distinction du vrai amour

X

 

Ce dizain retrouvé en 1895 témoigne de la liberté d’esprit de Marguerite de Navarre. Si la morale n’obéit pas au vrai amour, elle n’est que sottise. On pense à la parole de Saint Augustin : « Aime, et fais ce que tu veux. »

 

Il est bien sot quel[1] pense que l’honneur

Défende à l’œil de voir un homme nu,

Vu qu’en son corps ne gît le déshonneur

Si par péché il n’est laid devenu.

L’homme innocent à honte n’est tenu,

Et vrai Amour c’est innocence pure,

Qui n’a besoin de nulle créature ;

Par quoi l’honneur ne me saurait garder[2],

Ni l’Amour pur et parfait, la nature

En la beauté aimer et regarder.

 

***

 

 

Extrait d’un poème de Marguerite de Navarre, « La distinction du vrai amour par dizains », retrouvé en 1895 et publié l’année suivante dans Les dernières poésies de Marguerite de Navarre. Orthographe modernisée.

[1] qui

[2] ne saurait m’empêcher