Littératurefrançaise.net

Elégie

 

Extrait d’une élégie de Marguerite de Navarre, composée en 1525 pendant qu’elle se rendait à Madrid négocier la libération de son frère (François Ier) prisonnier et malade. Les liens entre Marguerite et François Ier étaient très forts et apparaissent dans de nombreux poèmes de l’auteure.

 

Je regarde de tous côtés

Pour voir s’il n’arrive personne,

Priant sans cesse, n’en doutez,

Dieu, que santé à mon Roi donne ;

Quand nul ne voit, l’œil j’abandonne

À pleurer, puis sur le papier

Un peu de ma douleur j’ordonne.

Voilà mon douloureux métier.

 

Ô ! qu’il sera le bienvenu,

Celui qui, frappant à ma porte,

Dira : « Le Roi est revenu

En sa santé très bonne et forte ! »

Alors sa sœur, plus mal que morte,

Courra baiser le messager

Qui telles nouvelles apporte

Que son frère est hors de danger.