Elégie
Extrait d’une élégie de Marguerite de Navarre, composée en 1525 pendant qu’elle se rendait à Madrid négocier la libération de son frère (François Ier) prisonnier et malade. Les liens entre Marguerite et François Ier étaient très forts et apparaissent dans de nombreux poèmes de l’auteure.
Je regarde de tous côtés
Pour voir s’il n’arrive personne,
Priant sans cesse, n’en doutez,
Dieu, que santé à mon Roi donne ;
Quand nul ne voit, l’œil j’abandonne
À pleurer, puis sur le papier
Un peu de ma douleur j’ordonne.
Voilà mon douloureux métier.
Ô ! qu’il sera le bienvenu,
Celui qui, frappant à ma porte,
Dira : « Le Roi est revenu
En sa santé très bonne et forte ! »
Alors sa sœur, plus mal que morte,
Courra baiser le messager
Qui telles nouvelles apporte
Que son frère est hors de danger.
© 2024 Matthieu Binder. Réalisation Thomas Grimaud.