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La Navire

 

Retrouvé en 1895, ce long poème a été écrit après la mort de François Ier, frère de Marguerite. Comme un navire (le mot était féminin à l’époque), la narratrice tente de rejoindre le « vrai port » et de dépasser un deuil déchirant.

 

Navire loin du vrai port assablée[1]

Feuille agitée de l’impétueux vent

Ame qui est de douleur accablée,

Tire-toi hors de ce cœur non savant,

Monte en espoir, laisse ta vieille masse,

Sans regarder derrière viens avant.

Quand seras-tu de ton fol pleurer[2] lasse ?

Quand auras-tu mis fin à ton soupir ?

Quand lairras[3]-tu ta triste et pâle face ?

Quand donneras-tu trêve à ton vain désir ?

 

***

 

Marguerite de Navarre, extrait de « La Navire », poème retrouvé en 1895 et publié l’année suivante dans Les dernières poésies de Marguerite de Navarre. Orthographe modernisée.

 

[1] ensablée

[2] Pleurer est ici pris comme un substantif, l’acte de pleurer.

[3] laisseras