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L’aubépin

Bel Aubépin fleurissant,

Verdissant

Le long de ce beau rivage,

Tu es vêtu jusqu’au bas

Des longs bras

D’une lambrunche sauvage.

 

Deux camps de rouges fourmis

Se sont mis

En garnison sous ta souche ;

En ton pied demi-mangé

Allongé

Les avettes ont leur couche.

 

Le chantre Rossignolet

Nouvelet,

Courtisant sa bien-aimée,

Pour ses amours alléger

Vient loger

Tous les ans en ta ramée.

 

Sur ta cime il fait son nid

Tout uni

De mousse et de fine soie,

Où ses petits écloront,

Qui seront

De mes mains la douce proie.

 

Or vis, gentil Aubépin,

Vis sans fin,

Vis sans que jamais tonnerre,

Ou la cognée, ou les vents,

Ou les temps

Te puissent ruer par terre.

 

 

Extrait des Odes, livre IV, 1550