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Mimétisme littéraire
Paru en 1802, René a eu un peu le même effet que Werther en Allemagne ou bien plus tard les Beatles en Europe : l’incarnation d’une nouvelle sensibilité, l’adéquation parfaite (et même un peu hystérique) avec une nouvelle génération. Au risque, selon l’auteur du roman, de devenir rapidement un lieu commun.
Une famille de René poètes et de René prosateurs a pullulé : on n’a plus entendu que des phrases lamentables et décousues ; il n’a plus été question que de vents et d’orages, que de maux inconnus livrés aux nuages et à la nuit. Il n’y a pas de grimaud sortant du collège qui n’ait rêvé être le plus malheureux des hommes ; de bambin qui à seize ans n’ait épuisé la vie, qui ne se soit cru tourmenté par son génie ; qui, dans l’abîme de ses pensées, ne se soit livré au vague de ses passions ; qui n’ait frappé son front pâle et échevelé, et n’ait étonné les hommes stupéfaits d’un malheur dont il ne savait pas le nom, ni eux non plus.
Dans René, j’avais exposé une infirmité de mon siècle ; mais c’était une autre folie aux romanciers d’avoir voulu rendre universelles des afflictions en dehors de tout. Les sentiments généraux qui composent le fond de l’humanité, la tendresse paternelle et maternelle, la piété filiale, l’amitié, l’amour, sont inépuisables ; mais les manières particulières de sentir, les individualités d’esprit et de caractère ne peuvent s’étendre et se multiplier que dans de grands et nombreux tableaux. Les petits coins non découverts du cœur de l’homme sont un champ étroit ; il ne reste rien à recueillir dans ce champ après la main qui l’a moissonné la première. Une maladie de l’âme n’est pas un état permanent et naturel : on ne peut la reproduire, en faire une littérature, en tirer parti comme d’une passion générale incessamment modifiée au gré des artistes qui la manient et en changent la forme.
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F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, L. 13, ch. 10.