Le pont Mirabeau
Poème le plus célèbre du recueil Alcools, « Le pont Mirabeau » est aussi le poème qu’on associe spontanément à l’auteur. Le temps qui passe, l’eau qui coule, l’amour enfui : dans les thèmes, on est loin du modernisme prôné par Apollinaire ; pourtant, la magie est bien là, dans ces vers fluides et mélancoliques…
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
© 2024 Matthieu Binder. Réalisation Thomas Grimaud.