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Une femme s’étend sur le sable, regarde le ciel et la mer, puis s’endort. Ces sensations simples sont décrites comme ce qu’elles sont du point de vue de qui les éprouve. Lorsqu’on regarde la mer étant allongé, c’est une « eau debout » que l’on voit…

 

Vue

Si la plage penche, si

L’ombre sur l’œil s’use et pleure

Si l’azur est larme, ainsi

Au sel des dents pure affleure

 

La vierge fumée ou l’air

Que berce en soi puis expire

Vers l’eau debout d’une mer

Assoupie en son empire

 

Celle qui sans les ouïr

Si la lèvre au vent remue

Se joue à évanouir

Mille mots vains où se mue

 

Sous l’humide éclair de dents

Le très doux feu du dedans.

 

 

***

 

Paul Valéry, Album de vers anciens, 1920.