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« Je n’ai plus que les os… »

Je n’ai plus que les os, un squelette je semble,

Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé,

Que le trait de la mort sans pardon a frappé,

Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.

 

Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble,

Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé :

Adieu plaisant Soleil, mon œil est estoupé,

Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.

 

Quel ami me voyant en ce point dépouillé

Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,

Me consolant au lit et me baisant la face,

 

En essuyant mes yeux par la mort endormis ?

Adieu chers compagnons, adieux mes chers amis,

Je m’en vais le premier vous préparer la place.

 

 

 Extrait des Derniers vers, 1586 (posthume)