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Eté

Et l’enfant répondit, pâmée

Sous la fourmillante caresse

De sa pantelante maîtresse :

« Je me meurs, ô ma bien-aimée !

 

« Je me meurs : ta gorge enflammée

Et lourde me soûle, m’oppresse ;

Ta forte chair d’où sort l’ivresse

Est étrangement parfumée :

 

« Elle a, ta chair, le charme sombre

Des maturités estivales, —

Elle en a l’ambre, elle en a l’ombre ;

 

« Ta voix tonne dans les rafales,

Et ta chevelure sanglante

Fuit brusquement dans la nuit lente. »

 

***

 

Paul Verlaine, Parallèlement, 1884