Französische Literatur

Salambo

 

 Auszug aus Kapitel 1

 

Versuchen wir nicht, diesen Roman in unsere heutige Welt hereinzuholen: Flaubert schrieb ihn gerade deshalb, um ihr zu entfliehen. Reisen wir mit ihm durch Zeit und Raum und tauchen wir ein in eine „barbarische“  Welt, die seiner Fantasie entsprungen ist, in der Schuld- und Gewissensfragen keinen Platz haben, in der Glaube und Begehren keine Schranken kennen.

 

 

« Spendius beugte sich über das Geländer. Seine Zähne schlugen aufeinander.

« Ja … ja … Herr! » wiederholte er mehrmals. « Ich begreife, warum du soeben vom Plündern des Hauses nichts wissen wolltest! »

Matho erwachte beim Zischen dieser Stimme wie aus einem Traume. Offenbar hatte er die Worte nicht verstanden.

« Ach, was für Reichtümer! » hob Spendius von neuem an. « Und ihre Besitzer haben nicht einmal Schwerter, sie zu verteidigen! »

Dann wies er mit der ausgestreckten Rechten auf ein paar Leute aus dem niedern Volke, die auf dem Sande vor dem Hafendamm herumkrochen und Goldkörner suchten.

« Sieh! » sagte er. « Die Republik gleicht diesen Schelmen. An den Gestaden der Meere hockend, wühlt sie mit gierigen Händen in allen Landen. Das Rauschen der Wogen betäubt ihr Ohr, und sie hört nichts; auch nicht wenn ihr von rückwärts der Tritt eines Herrschers nahte! »

Damit zog er Matho nach dem andern Ende der Terrasse und zeigte ihm den Park, wo die Schwerter der Söldner an den Bäumen hingen und in der Sonne glänzten.

« Hier aber sind starke Männer voll grimmigsten Hasses, die nichts an Karthago fesselt: keine Familie, keine Pflicht, kein Gott! »

Matho stand an die Mauer gelehnt. Spendius trat dicht an ihn heran und fuhr mit flüsternder Stimme fort:

« Verstehst du mich, Kriegsmann? In Purpurmänteln könnten wir einhergehen wie Satrapen. Uns in Wohlgerüchen baden. Ich hätte dann selber Sklaven! Bist du’s nicht müde, auf harter Erde zu schlafen, den sauren Wein der Marketender zu trinken und ewig Trompetensignale zu hören? Später willst du dich ausruhen, nicht wahr? Wenn man dir den Küraß vom Leibe reißt und deinen Leichnam den Geiern vorwirft! Oder vielleicht, wenn du blind, lahm und altersschwach am Stabe einherschleichst, von Tür zu Tür, und kleinen Kindern und Hausierern von deinen Jugendträumen erzählst! Erinnere dich all der Schindereien deiner Vorgesetzten, der Biwaks im Schnee, der Märsche im Sonnenbrande, der Härte der Manneszucht und des stets drohenden Todes am Kreuze! Nach so vielen Leiden hat man dir einen Orden verliehen, just wie man den Eseln ein Schellenhalsband umhängt, um sie auf dem Marsche einzulullen, damit sie die Strapazen nicht merken! Ein Mann wie du, tapferer als Pyrrhus! Ach, wenn du nur wolltest! Ha! Wie wohl wäre dir zumute in einem hohen kühlen Saale bei Leierklang, auf einem Blumenlager, von Narren und Frauen umringt! Sag nicht, das seien Phantastereien! Haben die Söldner nicht schon Rhegium und andre feste Plätze Italiens besessen? Wer hindert dich? Hamilkar ist weit. Das Volk verabscheut die Patrizier. Gisgo vermag mit seinen Feiglingen nichts anzufangen! Du aber bist tapfer! Dir werden sie gehorchen. Führe du sie! Karthago ist unser! Erobern wir es! »

« Nein! » sprach Matho. « Molochs Fluch lastet auf mir. Ich hab es in den Augen der Einzigen gelesen, und eben ist in einem Tempel ein schwarzer Widder vor mir zurückgewichen … Wo ist sie? » fügte er hinzu, indem er sich umschaute.

Spendius begriff, daß den Libyer eine ungeheure innere Erregung quälte. Er wagte nicht weiter zu reden.

Die Bäume hinter ihnen glimmten noch. Aus verkohlten Zweigen fielen hin und wieder halbverbrannte Affenknochen in die Schüsseln hinab. Die trunkenen Söldner schnarchten mit offenem Munde neben den Leichen, und die nicht schliefen, senkten das Haupt, geblendet vom Morgensonnenlicht. Auf dem zerstampften Boden starrten große Blutlachen. Die Elefanten in ihren Pfahlgehegen schwenkten die blutigen Rüssel hin und her. In den offenen Speichern lag das Getreide ausgeschüttet, und unter dem Tor stand ein Wirrwarr von Karren, von den Barbaren ineinandergefahren. Die Pfauen auf den Zedernästen entfächerten ihre Schweife und begannen zu schreien.

Mathos Unbeweglichkeit setzte Spendius in Staunen. Der Libyer war noch bleicher denn zuvor und verfolgte, beide Fäuste auf die Terrassenmauer gestützt, mit starrem Blick etwas am Horizont. Spendius beugte sich vor und entdeckte endlich, was jener betrachtete. Ein goldner Punkt rollte in der Ferne im Staub auf der Straße nach Utika. Es war die Radnabe eines mit zwei Maultieren bespannten Gefährts. Ein Sklave lief an der Spitze der Deichsel und hielt die Tiere an den Trensen. Auf dem Wagen saßen zwei Frauen. Die Schöpfe der Tiere standen nach persischer Sitte kammartig hoch zwischen den Ohren unter einem Netz von blauen Perlen. Spendius erkannte die Insassen. Er unterdrückte einen Aufschrei.

Ein langer Schleier flatterte im Winde hinterdrein. »

 

 

***

Ubersetzung : Arthur Schurig

« Spendius se penchait en dehors de la terrasse ; ses dents claquaient, il répétait :

— Ah ! oui… oui… maître ! je comprends pourquoi tu dédaignais tout à l’heure le pillage de la maison.

Mâtho fut comme réveillé par le sifflement de sa voix, il semblait ne pas comprendre ; Spendius reprit :

— Ah ! quelles richesses ! et les hommes qui les possèdent n’ont même pas de fer pour les défendre !

Alors, lui faisant voir de sa main droite étendue quelques-uns de la populace qui rampaient en dehors du môle, sur le sable, pour chercher des paillettes d’or :

— Tiens ! lui dit-il, la République est comme ces misérables : courbée au bord des océans, elle enfonce dans tous les rivages ses bras avides, et le bruit des flots emplit tellement son oreille qu’elle n’entendrait pas venir par-derrière le talon d’un maître !

Il entraîna Mâtho tout à l’autre bout de la terrasse, et lui montrant le jardin où miroitaient au soleil les épées des soldats suspendues dans les arbres. — Mais ici il y a des hommes forts dont la haine est exaspérée ! et rien ne les attache à Carthage, ni leurs familles, ni leurs serments, ni leurs dieux !

Mâtho restait appuyé contre le mur ; Spendius, se rapprochant, poursuivit à voix basse :

— Me comprends-tu, soldat ? Nous nous promènerions couverts de pourpre comme des satrapes. On nous laverait dans les parfums ; j’aurais des esclaves à mon tour ! N’es-tu pas las de dormir sur la terre dure, de boire le vinaigre des camps, et toujours d’entendre la trompette ? Tu te reposeras plus tard, n’est-ce pas ? quand on arrachera ta cuirasse pour jeter ton cadavre aux vautours ! ou peut-être, t’appuyant sur un bâton, aveugle, boiteux, débile, tu t’en iras de porte en porte raconter ta jeunesse aux petits enfants et aux vendeurs de saumure. Rappelle-toi toutes les injustices de tes chefs, les campements dans la neige, les courses au soleil, les tyrannies de la discipline et l’éternelle menace de la croix ! Après tant de misères on t’a donné un collier d’honneur, comme on suspend au poitrail des ânes une ceinture de grelots pour les étourdir dans la marche, et faire qu’ils ne sentent pas la fatigue. Un homme comme toi, plus brave que Pyrrhus ! Si tu l’avais voulu, pourtant ! Ah ! comme tu seras heureux dans les grandes salles fraîches, au son des lyres, couché sur des fleurs, avec des bouffons et avec des femmes ! Ne me dis pas que l’entreprise est impossible ! Est-ce que les Mercenaires, déjà, n’ont pas possédé Rheggium et d’autres places fortes en Italie ! Qui t’empêche ? ! Hamilcar est absent ; le peuple exècre les Riches ; Giscon ne peut rien sur les lâches qui l’entourent. Mais tu es brave, toi ! ils t’obéiront. Commande-les ! Carthage est à nous ; jetons-nous-y !

— Non ! dit Mâtho, la malédiction de Moloch pèse sur moi. Je l’ai senti à ses yeux, et tout à l’heure j’ai vu dans un temple un bélier noir qui reculait.

Il ajouta, en regardant autour de lui :

— Où est-elle ?

Spendius comprit qu’une inquiétude immense l’occupait ; il n’osa plus parler.

Les arbres derrière eux fumaient encore ; de leurs branches noircies, des carcasses de singes à demi-brûlées tombaient de temps à autre au milieu des plats. Les soldats ivres ronflaient la bouche ouverte à côté des cadavres ; et ceux qui ne dormaient pas baissaient leur tête, éblouis par le jour. Le sol piétiné disparaissait sous des flaques rouges. Les éléphants balançaient entre les pieux de leurs parcs leurs trompes sanglantes. On apercevait dans les greniers ouverts des sacs de froment répandus, et sous la porte une ligne épaisse de chariots amoncelés par les Barbares ; les paons juchés dans les cèdres déployaient leur queue et se mettaient à crier.

Cependant l’immobilité de Mâtho étonnait Spendius, il était encore plus pâle que tout à l’heure, et, les prunelles fixes, il suivait quelque chose à l’horizon, appuyé des deux poings sur le bord de la terrasse. Spendius, en se courbant, finit par découvrir ce qu’il contemplait. Un point d’or tournait au loin dans la poussière sur la route d’Utique ; c’était le moyeu d’un char attelé de deux mulets ; un esclave courait à la tête du timon, en les tenant par la bride. Il y avait dans le char deux femmes assises. Les crinières des bêtes bouffaient entre leurs oreilles à la mode persique, sous un réseau de perles bleues. Spendius les reconnut ; il retint un cri.

Un grand voile, par-derrière, flottait au vent. »

 

 

***