Rembrandt, La Ronde de nuit (1642). Rijksmuseum, Amsterdam.
« Les trois arquebusiers rouges sur la seconde ligne, l’un qui charge son arme, l’autre comme tapi et embusqué derrière son chef, c’est l’ébranlement vers une aventure dont l’on voit bien qu’elle comporte des dangers. Mais comment résister à l’imagination, cette fée lumineuse, cette pénétrante messagère de l’au-delà, qui porte à la ceinture, en tant que lettres de créance, une colombe ? (…)
Il n’est pas jusqu’à ce haut chapeau sur la tête d’un personnage falot qui n’ait l’air d’un phare, d’une tour d’observation. Les spectateurs bientôt, on sent qu’ils vont se transformer en acteurs, ils sont prêts, le tambour roule, car cette page empruntée aux plus sombres officines du songe est cependant pleine d’un étrange bruit muet : le tambour, l’aboiement du petit chien, cette parole sur la lèvre fleurie du capitaine Cock, cette conversation d’œil à œil entre les témoins de droite, ce coup de fusil et celui, futur, que l’arquebusier de gauche empile précautionneusement au fond de son arme. On part ! »
L’oeil écoute