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Molière

La comédie au sommet

La comédie au sommet

La vie de Molière

La passion du théâtre

Jean-Baptiste Poquelin nait en janvier 1622 à Paris, dans une famille de commerçants -son père est tapissier.  La jeunesse du futur écrivain nous est à peu près inconnue. Il semble pourtant que Jean-Baptiste ait fait de bonnes études, voire même un peu de droit. Quoi qu’il en soit, plein d’enthousiasme, il fonde à l’âge de 21 ans la compagnie de l’Illustre-théâtre, et prend le nom de « Molière » -il ne s’en expliquera jamais. Hélas ! La compagnie fait faillite après deux représentations, et il est même emprisonné pour dettes. Mais Molière ne renonce pas, et part sur les routes de province avec sa troupe. Cet itinéraire formateur durera douze ans. Comédien et auteur, Molière forge son style à partir de matériaux antiques, mais aussi plus modernes à travers le théâtre espagnol et surtout la commedia dell’arte italienne. La troupe acquiert de plus en plus de réputation, bénéficie de la protection du prince de Conti à Pézenas. Après la Bretagne, la Guyenne, le sud, la vallée du Rhône, on retrouve l’Illustre théâtre à Rouen : Molière est à la veille de conquérir Paris. Soutenu par Monsieur, le frère de Louis XIV, Molière entre dans la capitale en 1658 et commence à y faire du bruit malgré la concurrence féroce des troupes rivales. Il a 36 ans. 

Succès et scandales

L’année suivante, Les Précieuses ridicules obtiennent un grand succès. En se moquant de la préciosité à la mode, Molière initie une nouvelle démarche qui fait les délices du public : la satire de la société contemporaine. Trois ans plus tard, Molière tourne en dérision la tyrannie des hommes mûrs sur les jeunes filles (L’École des femmes, 1662). En 1664, il fait jouer devant le roi Tartuffe, qui dressera contre lui le parti dévot : cinq ans de batailles qui se termineront par le triomphe de Molière et de la pièce. Suivant le goût du roi pour la danse, il aura aussi pendant ces années inventé un nouveau genre : la comédie-ballet (le Bourgeois gentilhomme, le Malade imaginaire).

On ne sait presque rien de certain sur la vie privée de Molière. Les témoignages s’accordent pourtant au sujet de son tempérament rêveur et mélancolique. Excellent gestionnaire, il a fait vivre sa troupe dans de très bonnes conditions matérielles. Il mourut un soir d’hiver 1673, à l’âge de 51 ans, au sortir d’une représentation du Malade imaginaire dont il avait assuré le rôle principal, malgré une santé dégradée, pour ne pas faire perdre aux ouvriers le bénéfice d’une soirée de salaire.

Vivre

« Il est si doux de vivre ! On ne meurt qu’une fois et c’est pour si longtemps ! »

 

Le Dépit amoureux

Molière et son temps

Pour un auteur comique, la liberté de parole est cruciale. A l’époque de Molière, elle dépendait essentiellement des protections dont l’auteur pouvait se prévaloir. Molière a été assez habile pour plaire à de puissants personnages (le prince de Conti, Monsieur -le frère du roi, puis le roi lui-même) et de ce fait a pu aller assez loin dans l’exercice de la liberté. On reste étonné devant les audaces de l’École des femmes, de Dom Juan, et de Tartuffe.

La bataille de Tartuffe

En s’attaquant aux faux dévots dans cette comédie jouée dans une première version en 1664, Molière touche à un domaine dangereux : la pratique religieuse. De hauts personnages montent au créneau et réussissent à faire interdire la pièce. Molière riposte en publiant des placets (billets d’opinion), en plaidant sa cause auprès du roi. Cinq ans après, c’est la victoire ! Tartuffe est joué dans une nouvelle version, et avec 72 représentations, la pièce sera le plus grand succès de l’auteur.

Face au public

« Et pensez-vous que ce soit une petite affaire que d’exposer quelque chose de comique devant une assemblée comme celle-ci, que d’entreprendre de faire rire des personnes qui nous impriment le respect et ne rient que quand ils veulent ? Est-il auteur qui ne doive trembler lorsqu’il en vient à cette épreuve ? »

 

Molière, L’impromptu de Versailles

Sa place dans l'histoire de la littérature

On parle du français comme de « la langue de Molière ». C’est dire la place de l’auteur dans notre littérature. D’abord, Molière contribue à former la langue française à une époque déterminante de son évolution. Ensuite, il reste notre plus grand comique, allant de la grosse farce à l’inquiétude métaphysique, en vers, en prose, sur un registre soutenu ou familier, et même en patois occitan ou picard. Enfin Molière a créé des archétypes présents dans toute la littérature ultérieure aussi bien que dans la culture populaire : Alceste le misanthrope, Tartuffe l’hypocrite, les précieuses ridicules, l’avare, Monsieur Jourdain ont formé notre sensibilité au ridicule ou au scandaleux. Sans même que nous le sachions toujours, Molière vit en chacun de nous.

Silence

« Lorsque le rideau tombe et que Molière se retire, il se fait dans les âmes une minute de silence. »

 

Kléber Haedens

Un écrivain extraordinaire

Gravure de Daumier (Le Malade imaginaire)

Même observée à la loupe, la langue de Molière est une merveille de souplesse, d’équilibre, de finesse, de précision. Elle porte à leur plus haut degré toutes les vertus de la langue française.

S’attaquant avec un talent satirique à des nuisances puissantes -escrocs assermentés, hypocrites pensionnés, l’œuvre de Molière ne s’arrête pas aux effets comiques, elle atteint aussi le tragique de notre condition humaine : tomber amoureux, comme Alceste, de quelqu’un qu’on n’estime pas, se croire tout permis, comme Dom Juan, dès lors qu’on ne croit plus en Dieu, ne supporter d’apprendre que ce que l’on sait déjà, comme Monsieur Jourdain, raisonner des passions humaines toutes sa vie et se battre à la première provocation… Le théâtre de Molière est l’expression de la vie, dans sa drôlerie, ses farces, ses contradictions, ses zones troubles et ses sables mouvants.

Extraits

1662

L'Ecole des femmes

1665

Dom Juan

1666

Le Misanthrope

Le Médecin malgré lui

1669

Tartuffe

1670

Le Bourgeois gentilhomme

1673

Le Malade imaginaire