Maupassant et son temps
Maupassant naît dans un romantisme finissant. Les écrivains de son temps cherchent à s’en dégager. Avec quelques confrères, qu’on appelle le groupe de Médan (notamment Emile Zola et les frère Goncourt), il veut faire atterrir la littérature : parlons de la réalité telle qu’elle est, et non telle qu’on voudrait qu’elle soit, ou telle qu’on la rêve ! C’est ce que l’on a nommé plus tard le mouvement du naturalisme.
Un écrivain à succès
Il est permis de penser que Maupassant est le plus talentueux de ce groupe de Médan. Il est en tous cas, avec Zola, celui qui rencontre le plus de succès : les journaux se l’arrachent pour faire paraître ses nouvelles en primeur. Cette reconnaissance n’empêche pas l’écrivain d’avoir la dent dure contre son époque, même en ce qui concerne la presse -qui a fait sa fortune. Quand on le relit aujourd’hui, on est frappé de sa lucidité vis-à-vis de son temps, concernant la place des femmes dans les lieux de pouvoir, en arrière plan mais essentielle, les rivalités dans le monde paysan, le pouvoir de la presse sur l’opinion, etc. : rien n’échappe au regard de cet écrivain qui ne se paye pas de mots.
« Mon ministère me détruit peu à peu. Après mes sept heures de travaux administratifs, je ne puis plus me tendre assez pour rejeter toutes les lourdeurs qui m’accablent l’esprit. J’ai même essayé d’écrire quelques chroniques pour Le Gaulois afin de me procurer quelque sous. Je n’ai pas pu. Je ne trouve pas une ligne et j’ai envie de pleurer sur mon papier. »
A Gustave Flaubert, 21 aout 1878