Cette époque hérite du siècle précédent le sens de l’universel et l’obsession de la pédagogie. On veut que tout le monde se comprenne et parle la même langue : dès la révolution de 1789, l’État commence à faire la guerre aux patois et dialectes, qui ne cesseront de diminuer au long du siècle. Comme toujours, les évolutions techniques et les combats politiques enrichissent la langue.
- Au dix-neuvième siècle, les scientifiques européens n’écrivent plus en latin, mais en français, anglais, allemand, italien. Médecine, biologie, sciences sociales progressent vite et le vocabulaire doit suivre. Tous les mots en électro-, par exemple, datent de cette époque.
- Le dix-neuvième siècle est aussi marqué par de nombreux conflits politiques et sociaux : c’est donc l’acte de naissance de tous les mots en –isme, –iste, anti-, qui continuent aujourd’hui leur inflation dans le lexique.
Plus profondément, il y a au dix-neuvième siècle un rapport au langage un peu semblable à celui de la Renaissance : par l’influence du Romantisme, la poésie se met au service de la richesse lexicale, sans faire de hiérarchie entre les usages. On voit donc proliférer à cette époque des dictionnaires compilant des mots souvent vite oubliés, comme fatrasser (s’occuper à des niaiseries), épigrammatiser (faire des bons mots piquants), ou écrivailler : « écrire beaucoup, vite, et mal » (joli mot !). Parfois ces dictionnaires comprennent des néologismes appelés à un grand avenir : ébouriffant, actualité, actualiser, actualisation (Mots issus du Complément au dictionnaire de l’académie française de Louis Barré, 1842). À l’opposé du XVIIᵉ siècle, jardin syntaxique à la Française, taillé avec soin, le vocabulaire au XIXᵉ siècle est plus abondant, sauvage, excessif et parfois inutile.