Stendhal
Intense et lucide
Stendhal
L'énergie et le bonheur
La vie de Stendhal
Une libération
Henri Beyle, qui prendra bien plus tard le nom de Stendhal, est né en janvier 1783 à Grenoble. Sa mère meurt lorsqu’il a sept ans. Il déteste son père, sa tante Séraphie et sa ville natale Grenoble qui sera pour lui « comme le souvenir d’une abominable indigestion : il n’y a pas de danger mais un effroyable dégoût ». Sauvé par les mathématiques qu’il étudie à fond, on le laisse partir à Paris passer le concours de Polytechnique, mais lui a un secret projet en tête : « écrire des comédies comme Molière ». Une fois dans la capitale, perdant tout repère, il ne fera ni l’un ni l’autre. Epaulé par son cousin Daru, il se trouve à dix-sept ans lancé dans la seconde campagne d’Italie, en 1800, emmené par le tout frais premier consul Bonaparte. En Italie, le jeune homme découvre à la fois la liberté, le sexe, la musique, la joie. Il fera par la suite presque toutes les campagnes de Napoléon, y compris la Russie. Pendant toute cette période, Stendhal est extraordinairement actif : plein d’ambition, il met aussi chaque moment à profit pour mieux se connaître, ne pas répéter ses erreurs, se rapprocher du bonheur.
L'écriture
Mais l’écriture ? Jusqu’à la chute de Napoléon, Stendhal ne publie pas. Il rature. En 1815, rejeté par le nouveau régime politique en place, il part vivre en Italie, et publie son premier livre, sur la peinture italienne. Il écrit des articles dans des revues françaises et anglaises, devient un personnage reconnu de la vie intellectuelle parisienne. D’autres livres vont suivre, notamment Rome, Naples et Florence (1817), et De l’amour (1821). Car la grande affaire de la vie de Stendhal, c’est l’amour. Fasciné pendant des années par une Milanaise, Mathilde Dembowski, qui ne lui accordera rien, il tombe amoureux de Clémentine, qui le quitte, puis d’Alberthe, qui le trompe. A chaque intervalle, il songe au suicide. Comme Stendhal le dit lui-même, on ne guérit pas des profonds chagrins, on s’en distrait. Il travaille donc intensément à son premier chef d’œuvre, Le Rouge et le Noir, qui paraît en 1830. Peu de succès. « Comment avez-vous pu aller plus loin que la quatrième page ? » dira Victor Hugo à un correspondant. A cette période, après la révolution de juillet, il retrouve enfin un poste : on le nomme consul à Civitavecchia. Il écrit moins.
Mais c’est au cours d’un séjour à Paris, fin 1838, qu’il dictera son autre grand roman, La Chartreuse de Parme, roman d’aventure, de politique, d’amour, roman tragique et roman comique à la fois. Aucun succès. Mais Stendhal a fait son choix depuis longtemps : il préfère être lui-même sans concession en prenant le risque de ne pas plaire à tous. Malgré tout, les grands esprits se rencontrent : Balzac se fend d’un article de soixante-dix pages pour rendre compte de sa lecture. « M. Beyle a fait un livre, écrit-il, « où le sublime éclate de chapitre en chapitre ». Stendhal meurt d’un AVC dans la rue en 1842, à cinquante-neuf ans.
« L’amour a toujours été pour moi la plus grande des affaires, ou plutôt la seule. »
Vie de Henry Brulard
Stendhal et son époque
Stendhal a pris part à tous les combats de son temps. Napoléon, d’abord, l’a fasciné : il l’a suivi à peu près partout. Par son énergie, sa vitesse, ses réformes détruisant l’ancien régime, il lui a plu jusqu’à l’enthousiasme. Puis le pouvoir tombe dans les mains du « gros Louis XVIII, avec ses yeux de bœuf, traîné lentement par ses six gros chevaux » : c’est « l’éteignoir » pour Stendhal qui ne déteste rien tant que l’ordre moral à la papa. Il ne pourra jamais s’accoutumer à la morosité de la Restauration.
Mais même s’il déteste les rois et les tyrans, s’il réserve toute son affection et son estime pour les révolutionnaires de son temps, la démocratie qu’il pressent venir ne lui inspire pas que des bons sentiments. Selon lui, si ce régime sera plus juste, il sera aussi plus ennuyeux et tout le monde sera obsédé par l’idée de plaire au plus grand nombre : pas le meilleur chemin pour produire de l’art et de l’amour, les deux grandes affaires de sa vie.
Alors que l’art s’industrialise, comme le montrera Flaubert un peu plus tard, Stendhal cherche à écrire en restant absolument lui-même. Tant pis si ses contemporains ne le comprennent pas ! La Chartreuse de Parme se conclut par une dédicace qui dit tout : « To the happy few ».
« Maintenant la civilisation a chassé le hasard, plus d’imprévu. »
Le Rouge et le noir
Sa place dans l'histoire de la littérature
Stendhal n’était pas inconnu de son vivant. Il a pleinement pris part à la bataille romantique et ses livres se lisaient (excepté ses romans et De l’Amour). Mais Stendhal passait pour écrire mal. De fait, le grand style de l’époque, c’était le lyrisme de Chateaubriand : rien de plus odieux pour Stendhal. Selon lui, il faut « marcher droit à l’objet », être sec autant que possible, ne pas faire de tartines littéraires. Il était persuadé que malgré son succès le style de Chateaubriand n’aurait aucun avenir, contrairement au sien : « je mets un billet à la loterie dont le gros lot se résume à ceci : être lu en 1935 ». Et c’est ce qui s’est passé.
On redécouvre Stendhal à partir de 1880 et assez vite il génère une cohorte de passionnés. Ses livres ont en effet cette propriété de donner l’impression au lecteur d’être son ami le plus intime. Un Stendhal club est créé aux alentours de 1900. Dans la Vie de Henry Brulard, il écrivit : « Saint-Simon et les épinards ont été mes seuls goûts durables. » Chaque année, des admirateurs vont poser une botte d’épinards sur sa tombe. Plus que jamais, Stendhal est vivant dans le cœur de ses lecteurs.
« Stendhal est … un maître de cette littérature abstraite et ardente, plus sèche et plus légère que toute autre, qui est caractéristique de la France. »
Paul Valéry
Un écrivain extraordinaire
Qu’il raconte la bataille de Waterloo ou bien une conversation avec un serveur, la magie opère, nous sommes avec lui, emportés dans un autre monde. Stendhal est un écrivain extraordinaire par de multiples aspects : mais le plus fascinant est peut-être le caractère extrêmement personnel de son œuvre qui donne cette impression que l’écrivain est ici, à côté de vous, lorsque vous le lisez.
Puis, Stendhal est un homme d’intensité qui a beaucoup vécu, beaucoup appris, mais sans jamais vieillir, sans jamais perdre sa spontanéité : voilà le miracle. Lorsqu’il dicte en à peine deux mois l’un des plus grands chefs d’œuvres de la littérature mondiale, La Chartreuse de Parme, c’est l’expérience de toute une vie qui jaillit avec la fraîcheur de l’improvisation et la maîtrise de la maturité.
« Il ne faut prétendre à la candeur, cette qualité d’âme qui ne fait aucun retour sur elle-même. On est ce qu’on peut, mais on sent ce qu’on est. »
Stendhal
Les œuvres de Stendhal
Romans
Armance (1827)
Le Rouge et le Noir (1830)
Lucien Leuwen (Inachevé. Écrit en 1834-1835, publié en 1894)
La Chartreuse de Parme (1839)
Lamiel (Inachevé. Écrit entre 1839 et 1841, publié en 1889)
Essais
Vie de Haydn, de Mozart et de Métastase (1815)
Histoire de la peinture en Italie (1817)
Vie de Napoléon (écrit en 1817, publié en 1876)
De l’Amour (1822)
Racine et Shakespeare (1823)
Vie de Rossini (1824)
Chroniques de voyage
Rome, Naples et Florence (1817)
Promenades dans Rome (1829)
Mémoires d’un touriste (1838)
Nouvelles
Le Coffre et le Revenant (1830)
Le Rose et le Vert (1837)
Chroniques italiennes (1837-1839)
Écrits intimes
Journal (écrit de 1801 à 1818)
Souvenirs d’égotisme (écrit en 1832, publié en 1892)
Vie de Henry Brulard (écrit en 1835-1836, publié en 1890)
Œuvres majeures
> Extraits à lire, à écouter, à télécharger
1830
Le Rouge et le Noir
Julien Sorel est brutalisé par son père et ses frères, pauvres charpentiers du Jura. A la fois volontaire et maladroit, sentimental et cynique, Julien affronte les obstacles l’un après l’autre pour sortir de sa condition misérable.
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Naissance de l'amour
1830 - Le Rouge et le Noir
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Entrée au séminaire
1830 - Le Rouge et le Noir
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Un bal
1830 - Le Rouge et le Noir
1839
La Chartreuse de Parme
Fabrice del Dongo est un jeune homme riche, et toutes les femmes l’aiment. Pourtant, l’amour lui reste inaccessible et son cœur s’ennuie… Ce roman vif et lumineux a fait pâlir d’envie la plupart des romanciers.
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L'Italie s'éveille
1839 - La Chartreuse de Parme
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Waterloo
1839 - La Chartreuse de Parme
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La duchesse Sanseverina
1839 - La Chartreuse de Parme
Posthume
Lucien Leuwen
Ce roman inachevé est tressé de deux fils : une critique caustique de la monarchie de juillet, et l’amour contemplatif de Lucien pour Madame de Chasteller. De l’or dans la boue des intérêts humains.
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Une leçon
Posthume - Lucien Leuwen
Posthume
Lamiel
Lamiel est une jeune fille délurée, naïve mais bien trop curieuse pour son âge et pour son milieu. Comme de nombreux héros de Stendhal, elle part à la recherche de l’amour…
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L'amour, n'est-ce que ça ?
Posthume - Lamiel
1837-1839
Chroniques italiennes
Récrivant des chroniques de la Renaissance italienne, Stendhal fait vivre une Italie rêvée, où les êtres suivent leurs passions jusqu’au bout, et en leur sacrifiant tout.
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Les Cenci
1837-1839 - Chroniques italiennes
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La Duchesse de Palliano
1837-1839 - Chroniques italiennes
Posthume
Vie de Henry Brulard
Dans ce récit qu’il n’a jamais publié, Stendhal raconte sa vie, depuis son enfance dans une famille qu’il déteste jusqu’à son départ pour l’Italie à l’âge de 17 ans. Pour qui est sensible au ton si personnel de Stendhal, cette autobiographie a un charme exceptionnel…
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Premier amour
Posthume - Vie de Henry Brulard
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Le bonheur parfait
Posthume - Vie de Henry Brulard
Les œuvres de Stendhal
Romans
Armance (1827)
Le Rouge et le Noir (1830)
Lucien Leuwen (Inachevé. Écrit en 1834-1835, publié en 1894)
La Chartreuse de Parme (1839)
Lamiel (Inachevé. Écrit entre 1839 et 1841, publié en 1889)
Essais
Vie de Haydn, de Mozart et de Métastase (1815)
Histoire de la peinture en Italie (1817)
Vie de Napoléon (écrit en 1817, publié en 1876)
De l’Amour (1822)
Racine et Shakespeare (1823)
Vie de Rossini (1824)
Chroniques de voyage
Rome, Naples et Florence (1817)
Promenades dans Rome (1829)
Mémoires d’un touriste (1838)
Journal d’un voyageur dans le midi de la France (écrit en 1838, publié en 1932)
Nouvelles
Le Coffre et le Revenant (1830)
Le Rose et le Vert (1837)
Chroniques italiennes (1837-1839)
Écrits intimes
Journal (écrit de 1801 à 1818)
Souvenirs d’égotisme (écrit en 1832, publié en 1892)
Vie de Henry Brulard (écrit en 1835-1836, publié en 1890)